Le grand salon

Paire d’encoignures

^{Paire d’encoignures, époque Louis XVI, Nicolas Petit (1732-1791)
Bois de chêne sur marqueterie de bois de placage, bronze ciselé
Hauteur : 91cm ; Largeur : 76 cm ; Profondeur: 48cm
Estampillées sous le marbre avec la marque de jurande J. M. E (jurés, menuisiers, ébénistes), poinçons du maître serrurier Alexandre Fichet à Paris
D.R.351}

Issu d’une famille de notables de Chaource près de Troyes, Nicolas Petit est mentionné dès l’âge de 23 ans comme ébéniste installé au faubourg Saint-Antoine à Paris.  Il acquiert sa maîtrise en 1761. Dix années plus tard, il assure la double fonction d’ébéniste et de marchand. Reconnu pour la diversité et la qualité de ses modèles, il se constitue une riche clientèle de nobles de cour, financiers et parlementaires.  Son atelier survit à la Révolution grâce à une adaptation constante à la demande. 
Son style jugé difficile à cerner s’explique par une volonté d’innovation mais sans jamais rompre avec les styles antérieurs, privilégiant tantôt la forme, tantôt le décor. Pendant la période de transition, il est un des premiers à adopter le décor de trophée de musique, motif récurrent qui « signe » sa marque de fabrique.

La paire d’encoignures de Montaigu d’époque Louis XVI illustre cette personnalité. Les meubles à trois pans et sur pieds droits présentent une allure massive et de forme légèrement contournée sur les côtés. Les éléments de métal ciselé structurent le décor. Un encadrement à plate-bande de bronze doré, à angles rentrants occupés par des boutons de fleurs, matérialise le panneau central.  Au centre et entre deux urnes surmontées d’une draperie, un trophée de musique en marqueterie apparait comme suspendu. Sur les côtés, deux chutes à médaillons représentent Hercule et Cerbère. Plus haut, une ouverture à un tiroir est décorée d’une frise de postes.

Ebéniste talentueux et prolifique, près de 688 meubles répartis dans ses dix boutiques seront inventoriés après son décès. 
S. D.

Canapés et fauteuils

^{Ensemble mobilier (1907-1910), conception Adrien Karbowsky (1855-1945), réalisation Maison Krieger, Paris ; atelier de tapisserie Ecochard, Paris
Bois d’acajou et bois de placage, bronze ciselé, marbre, tapisseries au petit point
Estampillés A. Karbowsky : (1907-1910) : deux canapés et quatre fauteuils dits « aux colombes », une table ronde
Estampillés A. Karbowsky, marque Maison Krieger, Paris : (1907-1910) : un buffet d’appui, une table rectangulaire, cinq chaises
D.R.413, 415-416}

Artiste-peintre formé dans l’atelier de Puvis de Chavannes, Adrien Karbowsky est aussi reconnu pour son talent de décorateur. Entre 1907 et 1910, il dessine un ensemble mobilier (bois et tapisseries) pour le père d’Edouard, Auguste Salin. Ce dernier donnera à son fils une partie du mobilier pour son château de Montaigu. Un canapé corbeille réalisé chez Lavigne-coiffard à Paris et un guéridon table à ouvrage par Demenay, menuisier attitré d’Edouard Salin, compléteront la décoration du grand salon en 1930.

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la production du mobilier ne présente pas un style unifié mais s’apparente à une synthèse des formes et ornementations du  passé. Les styles Louis XV, Louis XVI, Directoire, Napoléon III se distinguent ainsi sur les sièges et canapés, tandis que le meuble d’appui, les tables en acajou et bois fruitier de marqueterie et les décors de bronze ciselé empruntent les lignes sévères et sobres de la fin de l’Ancien Régime. Les motifs géométriques qui décorent les tables rappellent les productions de l’ébéniste Weisweiler et la forme du meuble d’appui les commodes d’apparat de Benneman. La marqueterie aux motifs de colombes qui renvoie aux tapisseries des canapés et fauteuils et surtout la présence inattendue de papillons en bronze ciselé, sont les seules concessions à la modernité.

Edouard Salin légua un des fauteuils dit « Aux colombes » à Adrien Karbowsky qui en fit don au Musée des Arts décoratifs de Paris. 
S. D.

Vase balustre, style wucai

^{Vase balustre, style wucai, époque de transition entre les dynasties Ming et Qing, XVIIe siècle
Porcelaine, émaux cuivre, cobalt
Hauteur : 33cm ; Diamètre : 23cm
D.R.97}

La dynastie des Ming (1368-1644) est considérée comme un « âge d’or » de la porcelaine « bleu et blanc », obtenue à partir d’oxydes de cobalt de Chine et importé de Perse. L’arrivée de la dynastie des Qing (1644-1911) coïncide avec une intensification de la production et  le développement de céramiques de plus en plus variées. C’est au style wucai (cinq couleurs) qu’il faut rattacher la création de ce vase balustre. Le bleu de cobalt est posé sous la couverte (émail transparent de protection) avant la première cuisson à grand feu et les émaux polychromes vert, rouge, noir et jaune sont peints sur la couverte, avant la deuxième cuisson à petit feu car trop sensibles aux hautes températures. Sous le règne de l’empereur Kangxi (1662-1730), le nouveau style yingcai ou « famille verte » signe le déclin du bleu au profit de la couleur verte.

Sur la potiche figure une scène continue et animée: un seigneur assis sur un trône reçoit en audience un de ses sujets accompagné de deux serviteurs tenant un sabre. Un quatrième personnage porte la tenue du guerrier, garant de la protection impériale. Sur le couvercle trois enfants symbolisent peut-être la fécondité et la longévité dynastique. Les couleurs bleu et verte sont réservées aux personnages et à la végétation dessinée au pied et sur le col du vase. La couleur rouge marque les différents plans de la composition : devant, une clôture sépare le jardin et l’espace de réception, puis les encadrements des fenêtres distinguent la vie publique de la vie secrète du palais. 
S. D.

Commode et table rectangulaire

^{Ensemble mobilier (1907-1910), conception Adrien Karbowsky (1855-1945), réalisation Maison Krieger, Paris ; atelier de tapisserie Ecochard, Paris
Bois d’acajou et bois de placage, bronze ciselé, marbre, tapisseries au petit point
Estampillés A. Karbowsky : (1907-1910) : deux canapés et quatre fauteuils dits « aux colombes », une table ronde
Estampillés A. Karbowsky, marque Maison Krieger, Paris : (1907-1910) : un buffet d’appui, une table rectangulaire, cinq chaises
D.R.413, 415-416}

Artiste-peintre formé dans l’atelier de Puvis de Chavannes, Adrien Karbowsky est aussi reconnu pour son talent de décorateur. Entre 1907 et 1910, il dessine un ensemble mobilier (bois et tapisseries) pour le père d’Edouard, Auguste Salin. Ce dernier donnera à son fils une partie du mobilier pour son château de Montaigu. Un canapé corbeille réalisé chez Lavigne-coiffard à Paris et un guéridon table à ouvrage par Demenay, menuisier attitré d’Edouard Salin, compléteront la décoration du grand salon en 1930.

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la production du mobilier ne présente pas un style unifié mais s’apparente à une synthèse des formes et ornementations du  passé. Les styles Louis XV, Louis XVI, Directoire, Napoléon III se distinguent ainsi sur les sièges et canapés, tandis que le meuble d’appui, les tables en acajou et bois fruitier de marqueterie et les décors de bronze ciselé empruntent les lignes sévères et sobres de la fin de l’Ancien Régime. Les motifs géométriques qui décorent les tables rappellent les productions de l’ébéniste Weisweiler et la forme du meuble d’appui les commodes d’apparat de Benneman. La marqueterie aux motifs de colombes qui renvoie aux tapisseries des canapés et fauteuils et surtout la présence inattendue de papillons en bronze ciselé, sont les seules concessions à la modernité.

Edouard Salin légua un des fauteuils dit « Aux colombes » à Adrien Karbowsky qui en fit don au Musée des Arts décoratifs de Paris. 
S. D.

Console et paire de chenets

^{Console et paire de chenets, vers 1930, Edgard William Brandt (1880-1960)
Fer forgé, dorures, marbre
Console : Hauteur : 93,5cm ; Largeur : 57cm ; Profondeur : 32cm
Chenets : Hauteur : 37cm ; Largeur : 67cm ; Profondeur : 19cm
 D.R.406-407}

Après une formation en ferronnerie d’art, Edgar Brandt ouvre son premier atelier à Paris en 1902. Il travaille pour une riche clientèle parisienne et étrangère qu’il fournit en bijoux d’or et d’argent, rampes et enseignes de fer et cuivre forgés dans le style art nouveau.  Au lendemain de la Première Guerre Mondiale,  il inscrit son activité professionnelle dans une logique qui associe à la fois création artistique et production standardisée. Ses œuvres profitent des nouveaux procédés technologiques issus des brevets industriels allemands : soudure autogène, presse, marteau-pilon, etc.,  facilitent l’assemblage des éléments forgés séparément. 

C’est à l’exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925 à Paris qu’Edgard Brandt connaît la consécration.  Son œuvre  maîtresse,  L’Oasis, paravent en fer forgé rehaussé d’or, fait de lui « le grand ferronnier du mouvement Art déco ».  Il enchaîne alors les commandes prestigieuses et collaborations internationales. Après la Seconde Guerre Mondiale, Edgard Brandt, exilé en Suisse, sera évincé de sa société alors reconvertie dans la production d’appareils électroménagers qui portent son nom. 

Réalisés pour le château de Montaigu, la console et la paire de chenets affichent les valeurs du mouvement « Art déco », en associant l’ordonnance géométrique de la composition (pied de la console, verticalité du chenet) à la courbe des motifs stylisés des végétaux (fleurs de la console et rameaux en volutes des chenets). Ils témoignent de l’importance prise par le fer forgé dans la décoration intérieure et du goût éclectique du couple Salin. 
S. D.